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« Il n’y a que les fous qui ne changent pas d’idée », dit le proverbe français. Pendant 10 ans, j’ai fréquenté l’atelier de création Trace. À toutes les trois semaines, nous avions un défi à relever avec le matériel et la technique de notre choix. J’ai adoré la formule, mais à la fin j’étais fatigué. J’avais l’impression d’aller dans toutes les directions. J’avais besoin de trouver MA direction, de répondre à MON élan venant de l’intérieur.
À l’époque, regarder un peintre réaliser une « série » me scandalisait. Pour moi, c’était tellement l’opposé de ce que je connaissais. J’étais triste pour lui. Je le percevais comme un chinois effectuant un travail à la chaîne dans une usine sombre et bruyante. Ouach ! Puis un jour, j’ai dessiné quelques petits personnages… c’était du naïf. Avec courage et passant par-dessus mes propres préjugés, je me suis dit : « ce n’est pas une toile qui fera un scandale dans mon cursus ». Léo a tellement fait une forte impression que tout s’est précipité. J’ai aussi créé Léa pour faire un collier et Max, le défi de la casquette m’excitait, puis le tutu de Cloé, les pics de Zack le punk, de nouvelles idées de coiffures, de nouveaux tissus, sujets, couleurs… C’est l’inverse qui se produit; ça s’agrandit, se multiplie. Ça semble infini. J’hésite entre faire un modèle de telles couleurs ou de telles autres couleurs… Qu’à cela ne tienne ! Je le ferai dans les deux. Finie la frustration de mettre de côté une idée. Il n’y a rien de répétitif, je vous le jure. Oui, la forme est relativement fixe. Cependant, lors de la réalisation, chaque toile est une aventure distincte où pour certaines, les nœuds se résolvent simplement ; alors que pour d’autres, ils traînent des mois me narguant sur les murs de mon atelier. De plus, il y a des effets secondaires non négligeables. En acquérant de l’expérience, de l’habileté, je peux me permettre d’augmenter la complexité, mais ça, quand c’est bien fait, l’observateur ne s’en rend pas compte. C’est juste bon pour ma motivation et ma satisfaction personnelle. Finalement, une série, c'est vraiment excitant. C’est fou comme mes petits personnages dérangent. Un 5e commerce vient de me refuser d’y exposer : « Ça ne convient pas au lieu ». Ha ! Ha ! Même à l’intérieur de mon cercle d’amis artistes, on me demande : « Quand vas-tu te remettre à peindre, à créer pour de vrai ? En quoi mes peintures ne sont-elles pas de l’art, je vous le demande ?
Ah, oui ! Le motif est répétitif, la recette est figée… Croyez-vous sincèrement que le peintre abstrait n’a pas de recette ? pas de préférence dans sa méthode d’application de la peinture ? pas de combinaisons de couleurs favorites ? Comment alors distingue-t-on un Pellan d’un Riopelle ? La forme prédéfinie est le défi que je me suis lancé et je le relève brillamment : chacun de mes personnages ont une très belle personnalité. Bien oui ! Ils ont un côté enfantin… ça ne fait pas sérieux. Être enthousiaste, est-ce que ça veut dire être écervelé ? Pourquoi les fables de La Fontaine nous ont elles autant marqués ? Écoutez attentivement un dessin animé de Disney, vous allez voir que le message n’est pas enfantin du tout. Si ça se trouve, l’impact est peut-être beaucoup plus grand qu’on ne peut l’imaginer. Entre « Libérée ! Délivrée ! » et #moiaussi il y a une corrélation étonnante qui donne le goût de retourner faire une maîtrise en psycho. Mes personnages nous regardent droit dans les yeux. Ils assument leur unicité avec confiance et fierté. Ne me dites pas que ça perturbe celui qui a choisi d’entrer dans le moule. Alors, je m'en réjouis. C’est inquiétant quand le noir dérange moins que la couleur, mais maintenant je comprends mieux pourquoi les enfants trippent instantanément : le rêve auquel on aspire est plus énergisant que le rêve déchu. En plus, ils sont heureux. Y parvenez-vous ? Moi pas toujours. Aaah ! Leur bonheur entre en conflit avec le malheur de l’observateur. Super ! Justement, mes toiles me servent d’aide-mémoire. J’adore entrer dans mon atelier et être accueillie par tous ces beaux sourires. Il me semble qu’il pourrait en être de même pour les clients d’un commerce… Si le propre de l’art est de provoquer et d’éveiller des consciences, alors ma conscience est maintenant éveillée au fait que j’ai besoin d’un bon conseiller en mise en marché, car la mission de mes personnages est encore plus importante que je ne l’aurais cru. Honoré de Balzac a dit : « La mission de l’art n’est pas de copier la nature, mais de l’exprimer ». Voilà ! J’exprime la beauté de l’humain dans son expression du Soi. P.S. À ceux qui pensent que mes personnages sont pris dans un cadre et qu'il serait temps que je me défasse de mes limites, je réponds que vous faites de la projection. Mes personnages sont tellement heureux de se réaliser qu’ils illuminent leur environnement. |
Dans l'atelier !Dans son blogue, Marie Michaud raconte les détails de l'évolution de son aventure artistique dans son atelier L'univers de Malio : les avancées, les dépassements et les embûches. Catégories
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Juillet 2021
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