Marie Michaud dans son atelier de peinture - Crédit Photo : Zabell
Pour Marie Michaud, tout a commencé par des dessins de petits personnages joyeux. De fil en aiguille, elle a trouvé comment les rendre sur des toiles colorées avec des objets et matériaux collés pour créer un effet 3D : vieille chaussette pour le corps, pâte pour le visage, papier mâché pour le nez, corde pour les cheveux, métal pour les lunettes, feuille de mousse pour la cravate…
Dans un souci de diminuer le temps de recherche des matériaux, les coûts de production et son empreinte écologique, Marie Michaud a cherché des artisans (couturière, cordonnier...) afin de récupérer des rebuts. Incertaine dans ce processus au départ, elle a appris à préciser ses besoins, à s’affirmer en tant qu’artiste et à se définir comme chef d’entreprise. Elle a découvert tout un monde d’entraide et développé un sentiment de jouer un rôle dans la chaîne de production.
« Ouvrir un sac de retailles de tissus est toujours exaltant, car je suis curieuse de connaître la prochaine création. Instantanément, les motifs, les couleurs, la texture, le matériel m’inspirent un personnage : un lainage beige, les jupes de ma grand-mère; un peluché bleu ciel, un pyjama. »
Une fois le vêtement conçu, Marie Michaud mime, joue à être le personnage. Elle cherche le geste un peu caricatural, celui où l'émotion est à son maximum d'intensité dans la réalité du personnage afin de déterminer la posture la plus représentative, ce qu'elle s'empresse à dessiner. Pour le pyjama, le personnage peut se traîner les pieds vers le sommeil ou s’étirer au réveil. Tout se met en place avec les couleurs du fond de la toile qui créent l’atmosphère dans lequel le personnage évolue. Elle adore l’effet lorsque les couleurs de la toile font écho à celles des tissus. Inventer une chevelure, un chapeau ou mettre une applique pour propulser un détail vers l’avant unifie l’ensemble, accentue les liens entre le tissu, les couleurs et la réalité du personnage. Pour dénicher des éléments décoratifs, elle observe tout ce qu’il y a autour d'elle et selon la forme, la grosseur, la texture, elle transforme la vocation d’un objet du quotidien. Cette étape de finition précise le caractère du personnage, comme au théâtre avec les costumes : une boucle en tulle dans les cheveux d’une mariée, une grosse chaîne au cou d’un danseur de breakdance.
Au fil des tissus, plusieurs thèmes (nationalités, sports, métiers…) ont été survolés et seront approfondis. Présentement, les gestes du quotidien, les traits de caractère et les passions sont les thèmes qui l’enthousiasment parce qu’ils représentent des moments heureux.
En groupe, ses personnages lui rappellent que nous sommes beaux, nous les humains, et tous dotés de la même flamme intérieure qu’il faut préserver. Ils sourient, nous regardent droit dans les yeux et assument parfaitement qui ils sont dans toute leur unicité, car nous sommes aussi tous différents dans notre façon d’attiser cette flamme. C’est une invitation qu’ils nous lancent à réaliser nos passions, à retrouver notre cœur d’enfant, à nous aimer tel que nous sommes, à prendre notre place tout en respectant l’autre qui tente de faire de même à sa façon. Que ferons-nous en ce sens aujourd’hui